Guyyves : l’interview vérité

par John-David Beaudix

 

Nous avons rencontré l’histrion de la french pop dans les locaux accueillants de Patrick Records, son label depuis toujours. La parution du nouvel album Guyyves V vient de mettre fin à quatre ans d’une longue attente pour ses fans. A-t-il encore seulement des choses à nous dire ? 

Guyyves V

 

Alors, Guyyves, ça va bien ou bien, gros ? Nous étions habitué à notre livraison annuelle de vos sons, et voilà que depuis 2015 et l’opus Guyyves IV, vous étiez resté muet.

Oui, j’ai longtemps eu l’impression d’avoir été au bout du truc… je pensais à Led Zeppelin IV. A Rocky IV, aussi. Bref, continuer l’incrémentation automatique de ma production musicale ne me semblait plus aussi pertinent. J’ai eu du mal à me projeter dans ce nouvel album. Guyyves, c’est avant tout un concept. J’avais imaginé une sorte d’opéra-rock autour de l’apocalypse nucléaire… j’avais quelques instrumentaux… Puis j’ai découvert British Nuclear Bunkers de Luke Haines, qui était déjà un peu ça.  Au final, et comme souvent, je me suis éloigné du concept, et me suis laissé porter par mon inspiration du moment. Et comme il y a eu de longues phases de vide créatif, ça a été assez long.

Comment avez-vous occupé ces « longues phases de vide » ?

Essentiellement à regarder des séries. Notamment l’intégrale de 24 Heures Chrono, la série qui met en scène l’agent Jack Bauer. Avec ses 204 épisodes (8 saisons de 24 épisodes, la neuvième de douze épisodes), cela m’a bien occupé plusieurs mois. J’aurais pu faire une chanson sur Jack Bauer, tiens… un truc viril mais correct, à la Bryan Adams. Peut-être pour le prochain. Ou pas.

Maintenant que vous vous êtes relancé, ce serait dommage de vous arrêter en si bon chemin. Rentrons dans le vif du sujet, avec ce nouvel album Guyyves V. Finalement, n’est-il pas dans la lignée des précédents, avec des certains titres qui renvoient à d’autres des albums précédents. Je pense à La loge blanche, qui vient après La loge noire de Guyyves IV. Ou Canard 3000 qui semble être la suite de Canard 2000.

Effectivement. Comme mon album concept atomique était au point mort, pourquoi ne pas jouer la carte de la continuité ? Les fans me réclamaient Canard 3000 depuis de longues années. Une vidéo sera réalisée, j’espère. Elle reprendra les personnages de Canard 2000, ce sera du grand et beau spectacle !

Cela dit, quelques titres sont rescapés de mon projet originel. Tant qu’il est encore temps, qui clôt l’album fait référence au film Miracle Mile de Steve De Jarnatt, dans lequel les héros tentent d’échapper à une catastrophe nucléaire.

 

Vous savez, sur les ronds-points, il se passe de très belles choses.

L’Espace est très présent avec deux titres, et notamment Jacky, l’Enfant du Cosmos. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce Jacky ?

Jacky, c’est vous, c’est moi, c’est un gilet jaune. Et c’est aussi l’avenir de l’humanité ; le fœtus géant  qu’on voit dans 2001, l’odyssée de l’espace, et qui flotte dans le cosmos.

Ah bon. Et à ce propos, qui sont Gilles et John ? Un rapport avec les factieux quenelleurs de nos ronds-points ?

Non. Vous savez, sur les ronds-points, il se passe de très belles choses. Sur Youtube, j’ai vu quelques personnes qui chantaient une vieille chanson de Michel Fugain, c’était émouvant. Avec les réseaux sociaux, beaucoup passent leur temps à ricaner au dépens des autres, à tourner en dérision tout ce qui arrive… Gardons notre âme d’enfant, que diable. C’est ce qui importe, comme le dit si souvent mon ami Alexandre Jardin. Et puis, je ne fais pas de politique.

Si la politique ne vous intéresse pas, les activités balnéaires semblent toujours vous plaire. Après le pédalo sur Guyyves IV, voici venu le temps du jet ski. Vous passez à la vitesse supérieure ! 

J’aime la plage. J’aime la mer et le bruit des vagues. La jet set qui fait du jet ski, c’est un peu cette France d’en haut qui se trémousse en larguant des paquets de mer. Voyez-vous, à la base, ce titre je l’ai écrit en pensant à Massimo Gargia. Mais au final, ça ne parle plus vraiment de lui. Plutôt la nouvelle vague de jet-setteurs, si je puis dire, dans ce contexte nautique (rires).

Je ne vois pas bien ce que vous voulez dire…

Hé bien, passons à la question suivante !

Très bien. Musicalement, ce qui marque un profond changement sur ce nouvel,album, c’est l’abandon du vocoder, pourtant votre marque de fabrique depuis le début ! Avez-vous pris cette décision par goût du défi ?

Il y a un peu de ça, effectivement. J’avais envie d’essayer des sonorités plus actuelles. Donc, remplacer le vocoder par l’auto-tune me semblait la chose à faire. De grands artistes comme Cher, Yé, Bouba, ou encore Renaud ont su utiliser cette technologie avec un brio certain.

Avec ces influences que vous citez, peut-on s’attendre prochainement à un album de hip-hop pour l’épisode 6 de vos aventures ?

Tout est envisageable. Il faut vivre avec son époque, comme l’écrivait Henry David Thoreau. Les cultures urbaines m’ont toujours attiré. Le charme désuet et stalinien des barres d’immeubles de nos quartiers… Il faut savoir garder sa capacité d’émerveillement. En plus de notre âme d’enfant, je veux dire. D’ailleurs cela va ensemble, car qui mieux que l’enfant, en effet, possède l’aptitude de s’émerveiller en toutes circonstances ?

Merci, Guyyves. Restez comme vous êtes.



Guyyves V disponible en écoute sur Choon:

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